Hommes Forts

La TOHU présente les hommes forts du Fonds Jacob-William. Boxeurs, hommes puissants aux prouesses exceptionnelles, lutteurs – et même lutteuses! – font partie de l’univers forain du cirque depuis ses débuts. Ces athlètes, exemples d’une masculinité définie par sa force brute, demeurent des artistes de l’arène et du spectaculaire.

Techniques : peinture (huiles, aquarelles), estampes, affiches.

Dans le Hall d’exposition présenté par Desjardins du 19 mars au 2 juin

Dans le petit monde du cirque, une silhouette se glisse  parfois entre les acrobates, les dompteurs et les clowns :  l’homme fort, le colosse, bien campé sur l’estrade, toisant la foule ébahie devant ses muscles, est avant tout une figure foraine. Car des muscles, il en a ! C’est sa carte d’identité : un corps moulé dans un maillot qui ne dissimule pas grand[1]chose et en suggère davantage. Sculpté, le corps est lui[1]même un exploit, tout autant que les poids et les haltères soulevés à bout de bras. 

Le fonds Jacob-William, dont la TOHU est dépositaire, compte plusieurs exemples de cette imagerie particulière, entre exhibition et valorisation de la force brute. Ces toiles, illustrations et sculptures donnent à voir un certain idéal de la masculinité, une vision qui ne résonne plus tout à fait aujourd’hui avec la même acuité qu’il y a un siècle. Dans l’univers forain, on retrouve l’homme fort aux côtés des lutteurs, des boxeurs et des catcheurs. La version actuelle de ces athlètes s’admire sur des rings où la puissance et l’agilité, comme au cirque, sont les garantes du succès. 

Mais l’homme fort ne règne pas seul sur les estrades : une œuvre de Louis Roubille nous permet de saluer aussi les femmes, héroïnes singulières, qui ont conquis les foules de leur temps avec d’autant plus d’effet que leurs prouesses semblaient improbables. 

À cette exposition d’œuvres principalement européennes s’ajoutent deux bronzes témoignant de la belle tradition des hommes forts canadiens-français au Québec. Le plus célèbre de tous, même au-delà de nos frontières, est l’extraordinaire Louis Cyr (1863-1912) : il soulève sous nos yeux incrédules un poids que l’on ne peut imaginer qu’impressionnant ! Il est accompagné d’une célébrité régionale qui gagne à être mieux reconnue, Donat Gadoury (1907-2002). Ces deux pièces exceptionnelles nous sont gracieusement prêtées par la Maison Louis-Cyr à Saint-Jean-de-Matha. 

À une époque où les codes des genres sont en redéfinition, on se souviendra que l’univers du cirque actuel continue de se jouer des archétypes de la force brute, le plus souvent avec une ironie qui rassure autant qu’elle ravit.